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La douleur va s’apaiser pour ma part ce n est pas le cas
Le psychiatre Christophe Fauré, auteur de Après le suicide d’un proche (Albin Michel), revient pour nous sur ce deuil très spécifique.
Psychologies : En quoi le deuil d’une personne qui s’est suicidée est-il différent ?
Christophe Fauré : Le premier élément de ce deuil violent, brutal, non anticipé, est qu’il est traumatique. Il existe un vrai risque de séquelles psychiques, notamment le fameux syndrome de stress post traumatique, où le cerveau, en tentant de métaboliser la souffrance, réinjecte constamment les images traumatiques. Ensuite, le survivant est exposé à une stigmatisation sociale. Ce n’est pas la même chose de dire « mon fils s’est suicidé » que « mon fils est mort d’un cancer ». Le regard de l’autre est alors terrible. Du coup, c’est un deuil qui entraîne un sentiment de honte.
Quel est l’élément le plus difficile ?
Christophe Fauré : Tout est difficile à vivre. Ce deuil ressemble à un trou noir dont on a le sentiment qu’on ne pourra jamais sortir. Dans le cas d’un enfant, notamment, c’est une souffrance dont on ne se remettra jamais totalement. Ce qui peut très vite devenir épuisant, c’est la recherche du « pourquoi ». C’est une façon de chercher un responsable : soit c’est de ma faute, parce que je ne l’ai pas assez aimé ; soit c’est la faute d’un autre que moi, et j’espère que cette découverte soulagera mon chagrin. Or, il n’y a pas de pourquoi. Si elle revenait, la personne qui s’est suicidée ne saurait souvent pas dire pourquoi elle a accompli ce geste. Le survivant se retrouve avec la volonté de donner du sens à ce qui n’en a pas. La culpabilité est telle que pour certains, elle entraîne une forme de punition qui peut se traduire par un refus d’être heureux, refus d’aimer ou d’être aimé. Au-delà de la culpabilité, l’un des sentiments les plus difficiles à assumer est la colère. C’est très difficile d’être en colère contre une personne pour laquelle on sent bien que le suicide a été une délivrance. Mais elle ne nous a pas fait confiance, elle n’a pas eu confiance en notre amour. C’est une terrible remise en question de soi. Il faut donc accepter d’être victime du suicide d’un proche.
Comment se protéger ?
Christophe Fauré : En se reconnectant à soi, notamment par la parole. Il faut parler de sa colère, de sa culpabilité, de sa tristesse. Avec ceux qui nous aiment ou dans des groupes de parole. Et il faut savoir que la douleur va s’apaiser. Même si aujourd’hui, cela nous semble impossible.
Les étapes du deuil
A lire
Après le suicide d’un proche de Christophe Fauré.
En s’appuyant sur des témoignages, l’auteur aborde avec justesse et sensibilité tous les aspects de ce deuil pas comme les autres. Une lecture douloureuse mais très utile (Ed. Albin Michel).
Chaque deuil est unique. Et pourtant, constate Christophe Fauré, tous comportent quatre grandes étapes :
1 - Le choc
Durée : de quelques heures à quinze jours
A l’annonce de la mort d’un proche, nous restons hébétés, submergés par un sentiment d’absurdité. Nous agissons mécaniquement, ne ressentons plus rien. Les rituels (veillée du mort, cérémonie, enterrement) vont nous permettre d’amorcer le processus de deuil. A cette période, nous sommes souvent très entourés et nous pouvons montrer notre souffrance.
2 - La recherche ou la fuite
Durée : de six à douze mois. Nous réalisons que la perte est inéluctable et que nous sommes impuissants à changer le cours des événements. Mais nous sommes incapables de nous résigner : pourquoi mon enfant et pas un autre ? Pourquoi est-il mort de cette manière ? Nous « hyper focalisons » sur le disparu en essayant de le retrouver à travers ses affaires, des photos, des vidéos… Cette période est très difficile à vivre parce que le processus de deuil s’effectue alors même que nous essayons de retenir le mort. Une autre attitude consiste à fuir la réalité de cette mort. Incapables de faire face à notre perte, nous adoptons des idées suicidaires, un comportement à risque. Notre entourage ne nous comprend pas et nous reproche parfois de nous complaire dans notre souffrance.
3 - La déstructuration
Durée : d’une à plusieurs années. Nous entrons dans une phase dépressive : pas de désir, pas de plaisir, troubles du sommeil, troubles sexuels… Pourtant nous vivons, nous agissons. Mais derrière une apparente tranquillité, nous livrons un combat sans répit contre nous-même. Colère, révolte, culpabilité… se mêlent à la tristesse. Notre douleur atteint son paroxysme. Paradoxalement, cette dépression est la marque d’un début de cicatrisation. Elle annonce notre reconstruction.
4 - La reconstruction
Cette phase s’amorce dès l’annonce du décès. C’est une remise en question de notre propre personne. Qui suis-je ? Que vais-je faire maintenant ? Nous redéfinissons notre relation avec le monde, avec notre entourage, avec nous-même. Les reconstructions ne sont pas faciles – l’aide d’un professionnel de la santé peut s’avérer nécessaire – mais nous disposons tous de ressources intérieures insoupçonnées.
Je suis encore bien loin de la reconstruction, je crois que je n'en ai pas envie, comment le peut on
quand vous n'avez qu'un enfant, je pense que le faites d'être mamie m'aurait permise de me battre
doublement , de vieillir ne me fait pas peur bien au contraire, je vis au jour le jour , je fais ce que j'ai envie de faire,
je ne m'occupe plus de l'opinion des gens je m'en fous royalement , et oui on change quand on souffre.