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En mémoire de  notre fils Stéphane
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En mémoire de notre fils Stéphane

VIP-Blog de stephmcquay
dominique.girard2002@wanadoo.fr

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  • Créé le : 24/08/2007 22:23
    Modifié : 06/07/2025 10:35

    Garçon (55 ans)
    Origine : Saint-Rémy
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    CETTE MAMAN A PERDU SA FILLE PAR SUICIDE EN 2010 ELLE RACONTE

    02/07/2012 16:58

    CETTE MAMAN A PERDU SA FILLE PAR SUICIDE EN 2010 ELLE RACONTE


    Encore un bonjour...

    Bonjour,
     
    Au départ, j’avais dit que je ne dirais plus jamais ce mot «Bonjour»… Parce qu’aucun jour ne pourra plus jamais être bon. Alors je disais «Salut» et quand on me demandait «Comment vas-tu?» Je répondais «Je fonctionne». Oui parce qu’il n’y avait rien d’autre à répondre. Je n’allais pas, je n’allais nulle part. Toutes les issues étaient bouchées et inintéressantes. Alors je me contentais de fonctionner et c’était déjà là une grande et belle victoire. Un pas se mettait devant l’autre, ma respiration continuait à gonfler mes poumons, je mangeais, buvais, clignais des paupières… Tout fonctionnait, en apparence… Mais au-dedans c’était le cataclysme.
     
    J’ai perdu ma fille le 04 mars 2010. Elle n’avait que 17 ans. Ce matin là, je me suis étonnée, qu’elle, si prompte à se lever pour aller aux cours, ne répondait pas à l’appel continu de son alarme GSM qui entonnait inlassablement «don’t worry be happy». J’ai voulu aller la faire lever… sa porte close m’a alertée… J’ai alors pris le double de la clé dans ma table de nuit et j’ai ouvert sa chambre pour la découvrir recroquevillée dans son lit. Ce n’est que quand je me suis approchée d’elle et ai vu qu’elle avait vomit que j’ai eu la certitude que c’était grave. (Non, on ne veut pas croire à ça… on ne l’admet pas… il faut être face à l’évidence pour finalement comprendre que…)
     
    Ensuite, une succession d’événements en mode automatique… Poser les gestes d’urgence… être efficace tant que faire ce peut… Mais trop tard… Ma fille, mon bébé… ma meilleure amie. Celle avec qui j’avais plaisir à tout faire. Celle qui me gâtait et que j’avais tant de bonheur à gâter… La complice de tous mes moments de vie, cet être dont j’étais totalement dépendante était mort.
     
    Elle a pris des médicaments. Médicaments qu’elle stockait dans sa chambre depuis des mois… Je ne l’ai su que trop tard. Elle me les volait, un par un pour que je ne remarque rien et les gardait en prévision du jour où elle déciderait de faire le pas. Plus tard, j’ai trouvé des écrits où il apparait qu’il s’agit là d’un choix réfléchi, préparé. Mais jamais, ni à moi, ni à ses amies, elle n’a laissé paraitre ses funestes intentions.
    Au contraire, c’était une jeune fille pleine de joie, pleine d’enthousiasme et de sympathie. Tout le monde se souvient principalement de son sourire à la Julia Robert, de ses exubérances et de ses délires qui parfois rendaient fou. Bien entendu elle avait des problèmes d’ado… (Les disputes avec les copines, la sensation d’être la cinquième roue de la charrette, les peines de cœur) en plus des difficultés de la vie… (La perte prématurée de son papa, les difficultés relationnelles entre mon fils et moi,…).
     
    Parfois, elle dévoilait un pan de son coté sombre. J’ai su qu’elle se mutilait et j’ai tenté de l’aider et de trouver soutien auprès d’un psychiatre qui à conclu la seule et unique séance qu’il lui a accordée en lui disant qu’elle était une ado tout ce qu’il y avait de plus banal. Plusieurs fois, après cet épisode, elle m’a dit vouloir consulter un autre psy… J’ai pris RV avec la psychologue qui l’avait suivie après le décès de son papa, mais elle ne voulait plus se confier à cette dame disant qu’elles avaient fait le tour du problème.
     
    Alors que j’étais en attente d’un contact afin de fixer un autre rendez-vous… elle est passée à l’acte.
     
    Bien sur je m’en veux… Je m’en veux terriblement. Il ne peut pas en être autrement dans le cas d’un suicide. Tout devient sujet à culpabilisation. Ais-je posé les bons gestes au bon moment? Ais-je réagi judicieusement face à telle ou telle situation? N’ais-je pas fais les mauvais choix? Lui ais-je dis assez «je t’aime»? Il n’y à pas une question remettant la faute sur moi qui ne m’a pas accablée. La froideur que je lui ai manifestée la veille de son suicide suite à un léger accroc n’a-t-il pas pris pour elle des proportions insupportables au point de décider partir ainsi?...
     
    Perdre un enfant c’est une catastrophe nucléaire. Ma fille était ma source d’énergie. Elle alimentait tout mon environnement en chaleur, en lumière, en tout… Elle était mon noyau atomique... En une fraction de seconde, cet univers à explosé. Tout autour était irradié d’une peine incommensurable. Tout autour était altéré à jamais et contaminé par un chagrin indescriptible. Le monde tout autour de ma fille a été atteint par cette catastrophe à des kilomètres à la ronde. Nous sommes nombreux à s’être retrouvés sans cette énergie qui régissait notre vie et de laquelle nous étions devenus totalement dépendants. Sans cette énergie… comment continuer à vivre?
     
    Et pourtant, l’instinct de survie de l’humain est quelque chose d’incroyablement puissant et même sans cette source, malgré l’horreur des évènements, leur soudaineté et tout ce que cela implique de remise en question, de doutes, de souffrance et de culpabilité… on fonctionne toujours. Malgré notre volonté de rejoindre notre bébé, malgré cette impression de ne jamais pouvoir, ni même de vouloir, se relever de cette épreuve… Incroyablement et sans pourtant aucune volonté de le faire, on coule un sarcophage de plomb sur sa peine, pour protéger au maximum ceux qui restent des radiations de notre profond désespoir.
    Puis un jour, alors que tout n’est que destruction et désolation en nous, une pousse, un germe, quelque chose de vivant apparait. On se rend compte que la vie est toujours là. Ca peut prendre des mois, des années, ça peut paraître odieux, mais c’est là et ça nous gagne petit à petit…
     
    Aujourd’hui, je souffre moins. Je souffre toujours bien entendu et chaque chose que je fais ou que j’éprouve est accompagnée d’une pensée pour mon enfant décédé prématurément, tragiquement et de façon si inattendue. Mais je vis et je peux même dire maintenant que je vais.
     
    J’ai repris des études que j’ai réussies avec distinction. Pour moi, mais aussi pour ma fille qui ne s’est pas donné la chance de réussir les siennes alors qu’elle avait un avenir prometteur. Et je recherche maintenant activement un emploi pour aller vers une autre vie, une vie différente… mais une vie quand même (qu’il ne tient qu’à moi de rendre la moins pénible possible).
     
    Cette vie est fondamentalement différente maintenant. Cette épreuve abominable a fait le vide de certaines personnes, en a approché d’autres. Cette situation effraye, fait fuir. Personne ne veut être confronté à ça et voir des proches (ou moins proches) vivre ce malheur. Cela nous renvoie au fait qu’aucun parent n’est à l’abri d’une telle tragédie. Mais on ne veut même pas y penser. Puis la peine met mal à l’aise… Dans cette société où tout (ou presque) et transmis par le plat d’un écran, les aspérités humaines gênent. Tout devrait être lisse pour ne pas déranger. On ne pleure plus, c’est indécent. Moi j’exige le droit de pleurer ma fille. Je revendique le droit d’avoir du relief. Certaines personnes le comprennent, d’autres pas.
     
    Etre compris dans notre malheur est parfois peine perdue. Même moi, qui l’ai vécue, ne ressent plus ma peine passée de la même manière. Quand je relis mes écris des moments les plus durs de mon deuil, je lis ça sans intégrer pleinement la charge de douleur que ça représente. Je suis déjà à 100?000 lieues de la douleur ressentie à ce moment là. Alors quelqu’un qui ne l’a pas vécue, comment pourrait-il comprendre? Il peut juste nous entendre… être là. Et ça c’est déjà important!
     
    Ma fille n’avait que 17 ans; quand elle s’est suicidée; je m’en veux mais je remonte la pente; j’en veux à certaines personnes mais je m’en défends en me disant que la haine et la rancœur que je peux éprouver envers d’hypothétiques responsables du suicide de ma fille ne me la ramèneront de toute façon pas. Et je m’en sors petit à petit… (Comme tout dépendant… un jour à la fois). J’interprète son geste comme étant un choix de voyage vers une destination inconnue qu’elle se réjouissait de faire et je tente au maximum de m’apporter des moments, si pas de bonheur, au moins de plaisir. Et parfois, a nouveau, j’y parviens.
     
    Muriel, maman de Samantha.






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